Dark Souls II - Critique

White knuckles

Test : Dark Souls II

Traduit de l'anglais par IGN France

Jouer à Dark Souls II, c'est comme jouer au base-ball avec un bon vieux gant confortable et usé jusqu'à la corde, seules les règles du jeu ont été légèrement modifiées. Tous ceux qui s'inquiétaient que cette suite diminue le niveau de difficulté, afin de toucher un plus large public, peuvent dormir tranquille : Dark Souls II est tout aussi éprouvant, exigeant et au final gratifiant que son prédécesseur de 2011. Ses nouveaux concepts ne font pas toujours mouche mais suffisamment pour en faire un jeu exceptionnel et un irrésistible défi, que vous soyez un explorateur solitaire ou que vous préfériez aider ou tourmenter les autres en mode multijoueur.

En tant que joueur ayant remporté les deux trophées de fin de jeu « To Link the Fire » et « Dark Lord » de Dark Souls premier du nom, j'avoue sans honte que Dark Souls II m'en a fait baver des centaines de fois au cours de ce périple monumental de 60 heures. Mais comme dans l'original, aucune mort ne fut jamais vaine. Chaque échec m'en a appris un peu plus sur la façon dont fonctionne Dark Souls II, ce qui m'a permis de m'améliorer. Qu'il s'agisse d'exploiter les déplacements caractéristiques de l'ennemi, ou de repérer les indices d'un endroit piégé, cette grande difficulté ne m'a presque jamais paru insurmontable.

Je dis « presque », car les développeurs de From Software sont allés un peu trop loin en ajoutant une pénalité qui abaisse votre niveau maximum de points de vie chaque fois que votre avatar meurt. Ceci peut être contrebalancé en utilisant une "Human Effigy", mais ces objets sont extrêmement rares dans la première partie du jeu. Bien qu’il s’agisse d’une caractéristique hardcore du jeu, j'ai trouvé cela frustrant, car cela affectait un peu mon envie d'explorer ce monde, de crainte d'être trop sévèrement pénalisé en cas d'échec. Il est vrai que ce système est similaire à celui de Demon's Souls, mais j'appréciais beaucoup plus la façon dont le Dark original l'exploitait.

Mais je me suis accroché et j'ai été récompensé, car le monde vaste et varié de Dark Souls II s'est montré propice à une exploration non-linéaire. Parmi ce que j'ai adoré, il y a la grande variété des différents chemins à découvrir pour atteindre un lieu. Vous êtes coincé sur un quai hanté peuplé de maraudeurs incendiaires ? Eh bien, vous pouvez vous frayer un chemin au fond d'un puits et découvrir un tombeau rempli de rats doués de parole. Vous ne parvenez pas à passer un boss particulièrement retors ? Alors, il vaut peut-être mieux prendre le chemin de Shaded Woods, et revenir avec un meilleur niveau.

Le monde de Drangelic est énorme et peuplé d'une grande variété d'autochtones. Vous voyagerez de royaumes côtiers délabrés, en marécages empoisonnés, jusqu'à ce qui s'apparente aux entrailles même de l'Enfer. Bien que les endroits à visiter et où combattre soient très variés, le monde de Dark Souls II manque d'une certaine cohésion présente dans l'original. En 2011, la représentation de Lordran semblait sensée d'un point de vue géographique ; malgré le fantastique des scènes, l'ensemble paraissait s'accorder naturellement. Dans le cas présent, la variété et la possibilité de se déplacer sur de grandes distances en un clin d'œil font plutôt de Dark Souls II une vaste collection de niveaux, qu'un monde unique à l’aspect naturel.

Malgré cette divergence, ce monde flatte réellement l'œil. Le moteur mis à jour de Dark Souls II renforce le rôle de la lumière dans la partie exploration. Le jeu est magnifique lorsque l'on se promène en extérieur dans une zone naturellement éclairée, ou une torche à la main. Non seulement le feu que l'on transporte éclaire les recoins sombres, mais certains ennemis trembleront de peur devant cette lumière. Cette option possède certes un impact visuel intéressant, mais bizarrement, la torche place le joueur devant un dilemme : vaut-il mieux jouer prudemment et transporter un bouclier ou risquer la mort en vivant une expérience visuelle plus intéressante avec la torche ?

Ces choix cornéliens n'entament en rien le plaisir de jouer à Dark Souls II. Ce titre s'appuie sur le défi, l'envergure et le mystère du jeu original de multiples façons. Déjà très beau sur 360 et PS3, il devient particulièrement magnifique sur PC. Les textures améliorées, les éclairages, ainsi que certains effets environnementaux mineurs, comme le vent soufflant sur l'herbe, font de lui l'un des jeux les plus marquants visuellement auxquels j'ai joué.

L'un des plus importants changements dans le fonctionnement de ce monde est le système de voyage éclair sur longue distance. Le voyage éclair est certes disponible dans l'original, mais on ne peut le débloquer que bien au-delà de la moitié du chemin à parcourir. Dans Dark Souls II, le voyage éclair entre deux bûchers que l'on allume est débloqué d'entrée de jeu. Je ne peux assez souligner le plaisir de pouvoir se téléporter librement d'un point de la carte à un autre. Cependant, lorsqu’on retourne dans la zone centrale, chaque fois que l'on souhaite échanger des âmes contre des améliorations de caractéristiques, cette étape superflue et ennuyeuse cause une perte de temps non-négligeable. Certains pourront apprécier le retour à la configuration du Demon's Souls original, mais ceci laisse un vif sentiment de régression. Ce problème est moindre sur PC, dont les temps de chargement sont bien plus courts que ceux de la 360 ou de la PS3, mais le problème de départ perdure sur l'ensemble des trois machines.
Vous vous souvenez du nombre d'images par seconde qui s'effondrait dans l'original, lorsqu'on entrait dans Blighttown ? Dark Souls II tourne de façon stable à 30 images par seconde tout au long du jeu, sans un seul accroc, et jusqu'à 60 sur PC. Même dans les endroits regorgeant d'ennemis et d'interactions avec l'environnement, le jeu ne ralentit jamais, ce qui signifie que vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même à chaque apparition de l’écran « Vous êtes mort ».
Jouer en ligne avec d'autres joueurs modifie la dynamique de jeu de plusieurs façons intéressantes et stimulantes. Dark Souls II s'appuie sur le même principe : choisir d'envahir la partie des autres joueurs et devenir leur pire cauchemar, ou les aider noblement au cours de batailles particulièrement rudes.

Le rôle des Serments est également étendu et bien mis à profit en mode multijoueur. Par exemple, le Serment du Roi Rat me confère le contrôle d'un tombeau antique, ainsi que des endroits où placer les mares de poison, les rats ennemis, et d'autres pièges vicieux, auxquelles devra se confronter le prochain joueur (sans Serment du Roi Rat) qui passera par là. Pensez à Tecmo's Deception, et vous aurez une bonne idée de la dynamique mise en place par From Software. Voilà un moyen extrêmement satisfaisant de laisser s'exprimer le génie du mal qui est en moi.

Les combats sont toutefois similaires à l'original : l'accent est fortement mis sur la patience, la connaissance des ennemis, et la capacité à parer ou éviter en une fraction de seconde. De légères modifications ont eu lieu : la magie semble cette fois légèrement moins puissante, et le temps nécessaire pour parer semble un peu plus serré, mais combattre à travers ce monde est une expérience grandement satisfaisante. Chaque rencontre est une petite énigme en soi, et les ennemis de Dark Souls II sont parmi les plus puissants jamais conçus par From Software. Les chevaliers momifiés capables de se protéger et de parer constituent un défi ardu dès les premières heures du jeu. Des tortues massives et blindées s'approchent de vous d'un pas lourd et menaçant, vous contraignant à user d'agilité pour contrer leur force brute. Enfin, des trolls géants chevauchés par des créatures plus petites nécessitent de garder ses distances et de frapper rapidement avec précision. Il y a quantité de défis divers et variés.

Des boss charismatiques vous font passer des moments douloureux, déchirants et mémorables, qui mènent finalement au triomphe. Ceux-ci ne possèdent pas vraiment le même impact que dans le Dark Souls original, mais pour être honnête, je pense que c'est parce que j'étais préparé au défi auquel j'allais être confronté face à eux. Certains se démarquent sans nul doute : le Chevalier Miroir, par exemple, propose une bataille incroyablement rude située sur une tour magnifique, qui pourra être utilisée en multijoueur et en New Game Plus. Je vous laisse la surprise de ces fantastiques moments.

Pros

  • Enjeu gratifiant
  • Combats rudes mais équitables
  • Design des ennemis superbe
  • Multijoueur bien conçu

Cons

  • Pénalités agaçantes en cas de mort

Verdict

Dark Souls II est une suite intelligente, vaste et incroyablement gratifiante. Elle regorge de systèmes complexes, de rencontres sous tension et de suffisamment d'éléments multijoueur et New Game Plus bien conçus pour me donner envie de recommencer dès le générique de fin. Toutes les modifications et tous les ajouts ne s'en tirent pas aussi bien, mais avec de tels ennemis à combattre et de tels niveaux à explorer, Dark Souls II fait de ces 60 heures de douleur et d'agonie un tel plaisir qu’on ne les voit pas passer. 

Dans cet article

Dark Souls II

FromSoftware | 25 avril 2014
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Test : Dark Souls II

9
Excellent
Dark Souls II est une suite intelligente, vaste et incroyablement gratifiante par rapport à son stimulant prédécesseur.
Dark Souls II