L’espoir du Canadien Jared Davidson ne peut plus être ignoré comme avant

L’espoir du Canadien Jared Davidson ne peut plus être ignoré comme avant
By Scott Wheeler
Jun 2, 2023

KAMLOOPS, C.-B. – Il y a sept ans, Jared Davidson se remettait d’une fracture de l’omoplate lorsqu’il a franchi les 14 rondes et les 308 choix du repêchage Bantam 2017 de la Ligue de l’Ouest. Soixante-dix-sept de ces choix n’ont même pas été faits, les équipes ayant épuisé leurs listes. Aucune équipe de la Ligue de l’Ouest ne l’a inscrit sur sa liste. Aucune équipe de la Ligue de l’Ouest n’a même appelé pour l’inviter à son camp. Rien.

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Il y a six ans, il a été retranché de son équipe Midget AAA et a dû jouer la saison qui a suivi son repêchage dans une équipe midget mineure.

Il y a trois ans, il est passé par les 217 choix du repêchage 2020 de la LNH.

Il y a deux ans, 224 autres sélections ont été faites sans qu’il ne soit réclamé en tant qu’espoir plus âgé lors du repêchage de 2021.

Et pourtant, aujourd’hui, il est le meilleur marqueur des Thunderbirds de Seattle, champions de la Ligue de l’Ouest, et il fait partie de la pépinière du Canadien de Montréal, qui a finalement choisi Davidson au cinquième tour, en 2022, alors qu’il en était à son troisième essai au repêchage. Mercredi, sa soirée de trois points et son but gagnant ont permis aux Thunderbirds de remporter une victoire cruciale sur les Blazers de Kamloops et de se qualifier pour la demi-finale de la Coupe Memorial.

Son parcours de jusqu’ici est presque incroyable.

Tout a commencé avec deux coups de téléphone.

(Candice Ward/CHL)

Le premier appel est venu d’Ian Gordon, le parent d’un de ses coéquipiers dans le midget mineur pendant sa saison post-repêchage avec le South Side Athletic Club. Gordon était aussi l’entraîneur des gardiens de but des Thunderbirds à l’époque.

L’année de son repêchage Bantam, Davidson n’avait pas joué avec Presley, le fils de Gordon, et ce dernier n’avait donc pas vu Davidson inscrire seulement 17 points en 31 matchs, ou se blesser à l’épaule, avant d’être ignoré au repêchage. Mais Gordon l’avait ensuite vu revenir, jouer avec Presley et mener leur équipe midget mineure avec 43 points en 36 matchs. Il jugeait que Davidson méritait d’être considéré.

Il a donc appelé le père de Davidson, Rob, comptable au service de police d’Edmonton, pour savoir s’il avait des projets en vue de la saison suivante.

« Il n’a rien de planifié », a dit Davidson à Gordon.

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En faisant preuve de persuasion, Gordon lui a décroché une invitation au camp de Seattle. Les Thunderbirds n’allaient pas inscrire son nom sur la liste, encore moins le signer, mais Davidson allait pouvoir se présenter et tenter sa chance.

Le deuxième appel est venu de Bill LaForge, alors directeur du personnel des joueurs des Silvertips d’Everett, qui l’a invité à leur camp. Bien que Davidson ait dû refuser, lui disant qu’il allait à Seattle, le destin a voulu que LaForge atterrisse finalement là-bas avec lui, quittant Everett pour devenir le nouveau DG des Thunderbirds avant la saison 2018-19.

Quelques jours après le début du camp, LaForge s’est tourné vers ses hommes de hockey et leur a dit « je pense qu’on va l’inscrire sur notre liste ».

Ils ont répondu « oui, d’accord, il va retourner en bas et il va connaître une bonne saison dans le midget en ayant une chance de jouer ».

Quelques jours plus tard, l’idée de l’inscrire sur leur liste s’est transformée en « vous savez quoi, je pense qu’on devrait le signer et peut-être qu’il va jouer à Spruce Grove (dans le Junior A en Alberta) cette année ».

« Oui, d’accord, c’est une bonne idée », a répondu le reste du personnel, toujours avec nonchalance et sans trop y penser.

À la fin des matchs préparatoires, la conversation a de nouveau changé, et c’est devenu « les gars, c’est un de nos meilleurs jeunes de 16 ans, il mérite de faire partie de l’équipe ».

Toutes ces années plus tard, LaForge n’a toujours pas intégré un autre joueur invité de 16 ans dans son équipe. L’entraîneur-chef de l’équipe, Matt O’Dette, non plus. Lorsqu’ils en parlent, ils en rient.

C’est, selon O’Dette, « pratiquement du jamais vu ».

« Bien sûr, tes joueurs de premier tour, de deuxième tour et peut-être de troisième tour vont se tailler un poste à l’âge de 16 ans. Mais c’est fou pour un joueur qui n’a pas été repêché de faire partie d’une équipe à 16 ans, a raconté O’Dette lors d’un récent appel téléphonique.

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« C’est déjà difficile de se tailler une place dans la Ligue de l’Ouest à 16 ans, mais en tant qu’agent libre non repêché, qui n’est inscrit sur aucune liste et qui n’est pas signé ? Ça n’arrive pas très souvent. Mais il y avait un je-ne-sais-quoi à propos de ce garçon-là et de ce joueur-là. »

« Il n’arrêtait pas d’attirer notre attention, a dit LaForge à The Athletic. Donc on l’a gardé. À chaque étape, il ne cessait pas de nous impressionner. »

L’ascension de Davidson ne s’est toutefois pas terminée lorsqu’il a surpris et intégré les Thunderbirds. Cette saison-là, il n’a marqué que deux buts et inscrit seulement quatre points en 51 matchs de saison régulière et de séries éliminatoires. L’année suivante, alors qu’il en était en principe à sa première année d’admissibilité au repêchage de la LNH à l’âge de 17 ans, il n’a récolté que huit buts et 16 points en 59 matchs, et il n’était sur le radar de personne

Puis la pandémie a frappé et, bien qu’il ait marqué 19 points en 23 matchs dans la division américaine créée dans un calendrier écourté par le COVID-19, Davidson ne figurait toujours pas parmi les 228 patineurs nord-américains répertoriés par la Centrale de recrutement de la LNH pour sa deuxième année d’admissibilité.

Il lui a fallu une saison de 42 buts et 89 points ainsi qu’une séquence de 13 buts et 29 points en séries éliminatoires avec les Thunderbirds pour qu’il soit réclamé à sa dernière année d’admissibilité, à l’âge de 19 ans.

Au cours de ce premier de deux parcours consécutifs jusqu’à la finale de la Ligue de l’Ouest, il a mené les Thunderbirds au chapitre des buts, des passes et des points, tant en saison régulière qu’en séries éliminatoires.

Pourtant, lorsque le Canadien l’a repêché au 130e rang de la séance de sélection de l’an dernier, Davidson ne figurait pas non plus parmi les 225 patineurs nord-américains sur la liste finale de la Centrale.

Mais il ne peut plus être ignoré maintenant.

De gauche à droite: Lucas Ciona, Jared Davidson, Nolan Allan, Kyle Crnkovic et Jeremy Hanzel. (Candice Ward/CHL)

Après une autre excellente saison à 20 ans (Davidson aura 21 ans au début juillet, un mois après la fin du tournoi de la Coupe Memorial), il a inscrit 49 buts et 105 points en 79 matchs partagés entre la saison régulière et les séries éliminatoires, et a ajouté quatre autres points en trois matchs lors du tournoi à la ronde de la Coupe Memorial. Deux fois membre de la première équipe d’étoiles de la division américaine, Davidson a des arguments convaincants pour terminer sa carrière junior avec un contrat de la LNH.

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« Il a eu un formidable parcours et je me sens chanceux d’en avoir fait partie avec lui, a déclaré LaForge. Je vais être honnête, il a été l’un de mes jeunes préférés. Ce que j’aime dans le parcours de Davey, c’est qu’il a joué tous les rôles pour nous. À 16 ans, il était sur le quatrième/cinquième trio et essayait de jouer un style énergique. À 17 ans, il était un peu plus haut dans la hiérarchie et il écoulait les punitions pour nous. À 18, 19 et 20 ans, il est devenu l’un de nos meilleurs joueurs et maintenant, il joue en supériorité numérique et dans la dernière minute de jeu. Mais pendant tout ce temps-là, il a acquis des habiletés qui lui permettent de faire un peu de tout. C’est donc une belle histoire, c’est certain. Tout le mérite lui revient. Il a travaillé dur et il adore le hockey. J’aime beaucoup Davey en tant que jeune, mais l’histoire en elle-même est géniale. »

Quand LaForge et O’Dette se remémorent cette histoire, ils n’arrivent toujours pas à y croire.

Lors de ce premier camp d’entraînement, bien qu’il ait impressionné, ils pouvaient également voir les obstacles qui avaient empêché Davidson d’être sélectionné : Il était « pas mal petit » et « n’était pas un grand patineur ».

Mais il y avait de petits signes.

« Tous les autres éléments de son jeu étaient là : les habiletés avec la rondelle, le lancer, le niveau de compétition, tout ça était là, a souligné O’Dette. Mais son coup de patin posait problème. Et c’est tout à l’honneur du joueur. Pendant la pandémie, pendant cette période de 18 mois, il a tout laissé tomber et il s’est concentré sur son patin, le renforcement de ses jambes et le patinage de puissance. Son seul objectif était d’améliorer son patinage et sa vitesse. Et c’est ce qu’il a fait. Ça n’a jamais été un point négatif pour son jeu, mais ce n’était pas nécessairement un point positif. Mais maintenant, il l’a tellement amélioré qu’il est au-dessus de la moyenne, je dirais.

« Et ça lui permet d’atteindre des endroits où il peut utiliser son tir, utiliser ses atouts, se lancer en échec-avant pour utiliser sa robustesse, des choses comme ça. Améliorer son coup de patin comme il l’a fait, ça a été un virage à 180 degrés dans son jeu.

Pourtant, même si O’Dette se souvient d’avoir vu un jeune au caractère bien trempé qui, selon lui, allait devenir un bon joueur dans la Ligue de l’Ouest, il n’imaginait pas à l’époque qu’il deviendrait ce joueur-là.

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C’est Davidson qui a fait en sorte que cela se produise. Il a transformé les petits signes en grands panneaux bien évidents.

« C’était un travailleur infatigable à chaque entre-saison et il s’est présenté, il a travaillé et s’est amélioré à chaque fois qu’il est revenu, a déclaré O’Dette. Il a travaillé au point de devenir l’un de nos meilleurs joueurs, l’un des meilleurs buteurs, l’un des buteurs de 40 buts de la WHL, l’un de nos joueurs les plus efficaces et les plus productifs en séries l’an dernier et cette année. C’est un gars qui peut évidemment marquer et créer de l’offensive. Je pense que son lancer est sa meilleure arme.

« Mais il joue sur 200 pieds, il a beaucoup de cran et de robustesse, il peut vraiment utiliser son corps, il peut se défendre, il peut faire toutes sortes de choses et il est très polyvalent. Et je pense que lorsqu’il va passer au niveau professionnel, sa polyvalence va être un atout pour les entraîneurs qu’il va avoir. Il peut jouer dans la première moitié de ton alignement et produire de l’offensive, ou il peut jouer dans la deuxième moitié de la formation et jouer un rôle plus défensif, plus physique, si tu en as besoin. »

À chaque étape, il a également donné l’exemple – cette année Davidson portait un “A” sur son chandail – alors que les Thunderbirds traversent l’une des périodes les plus fastes de leur histoire.

« Il peut faire un peu de tout, a ajouté LaForge. Il est difficile à affronter, il a évidemment un excellent tir, ses capacités offensives sont vraiment bonnes, mais il a aussi du caractère et de l’expérience. C’est un filet de sécurité pour les plus jeunes et il a cette passion pour les Thunderbirds et la Coupe Memorial. Certains gars, en vieillissant, ne sont plus aussi passionnés, mais ce n’est certainement pas son cas. »

Jared Davidson en poursuite de la rondelle. (Candice Ward/CHL)

Debout dans les entrailles du Centre Sandman de Kamloops, le matin de cette finale cruciale du tournoi à la ronde avec les Blazers, l’âge et la maturité physique de Davidson transparaissent dans sa barbe fournie et ses larges épaules.

Alors qu’un journaliste l’interroge sur son parcours, il secoue la tête.

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« Je suis juste resté de plus en plus longtemps », dit-il en se remémorant son expérience en tant qu’invité au camp des Thunderbirds il y a cinq saisons.

Il est fier de lui-même et de tout ce qu’il a mérité depuis, cela dit.

Davidson mesure 6 pieds et pèse 183 livres, ce qui est très loin du gamin de 150 livres qu’il était à son premier camp.

Il se souvient à quel point cette année-là lui avait ouvert les yeux et qu’il s’était senti petit et faible lorsque le camp s’était transformé en véritables matchs.

Aujourd’hui, on ne pourrait pas le deviner en le croisant à l’aréna ou en l’entendant décrire son jeu.

« Je suis un joueur de 200 pieds qui a un certain potentiel offensif, qui aime jouer physique et prendre le contrôle du jeu de cette façon-là, qui est dur en échec-avant, qui a un bon tir, qui joue dur dans toutes les zones, qui peut jouer un peu partout dans l’alignement et qui est bon au cercle de mise au jeu », a expliqué Davidson.

Il est devenu tout cela grâce au travail dont parlent O’Dette et LaForge.

« J’ai dû prendre beaucoup de poids et devenir beaucoup plus fort. J’ai passé deux étés de suite à manger tout ce que je pouvais pour essayer de grossir, et à aller dans le gym pour devenir plus fort chaque jour, et maintenant je suis… », a dit Davidson en haussant les épaules pour montrer son physique, « … ce format-là, donc ça a bien tourné. »

En plus de son travail en gymnase, il a passé d’innombrables heures sur la glace avec son entraîneur d’habiletés Stephen Zipp, son entraîneur de patin Susan Humphreys, et il a tiré un tas de rondelles avec Gordon et quelques-uns de ses gardiens. Il travaille même avec un préparateur mental, Jackie Friedman, un psychologue sportif qui, selon lui, l’aide à être fort mentalement mais aussi à entraîner son esprit avec ce qu’on appelle un NeuroTracker, qui, selon lui, « permet d’accélérer le rythme du cerveau pour pouvoir suivre le jeu et assimiler ce qui se passe un peu plus rapidement ».

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Ce travail se poursuit tout au long de la saison, en communication constante avec le directeur du développement des joueurs du Canadien, Rob Ramage, et le directeur de la science et de la performance du CH, Adam Douglas, qui lui envoie des conseils sur la façon d’améliorer sa condition physique et de continuer à se renforcer.

Même s’il est conscient du temps qu’il a consacré à son travail, Davidson a un petit rire lorsqu’il repense à ce qu’il était auparavant. Après coup, le fait d’avoir été retranché dans le Midget a été une bénédiction, car c’est avec son équipe midget mineure que Gordon l’a vu jouer.

« Tout est arrivé pour une bonne raison, dit-il. C’est plutôt cool, surtout avec le recul. À l’âge de 14 ou 15 ans, je n’aurais jamais pensé que c’était une option, de ne pas recevoir d’audition ou quoi que ce soit. »

Il n’est d’ailleurs pas le seul à être surpris.

Quelques heures après notre conversation d’avant-match avec Davidson, l’espoir des Predators Luke Prokop, un ami de Davidson depuis une décennie qui est allé à l’école avec lui à Edmonton, qui a joué contre lui pendant des années et qui est maintenant son coéquipier avec les Thunderbirds, a évoqué sensiblement la même chose.

« Honnêtement, je ne pensais pas qu’il deviendrait le joueur qu’il est aujourd’hui, a indiqué Prokop. Il s’est énormément investi pendant les saisons mortes. Voir son succès au cours des deux dernières saisons est quelque chose de vraiment cool et je suis heureux de partager ça avec lui. »

Qu’il gagne ou perde la Coupe Memorial, c’est tout cela – le travail, le voyage, l’ascension inattendue – qu’O’Dette retiendra le plus de Davidson lorsque son séjour avec les Thunderbirds prendra fin.

« C’est une personne extraordinaire, un grand leader pour nous, et je pense que c’est un excellent choix de la part de Montréal, a dit O’Dette. Je suis impatient de voir où son cheminement va l’amener. »

(Photo de Jared Davidson: Candice Ward/CHL)

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Scott Wheeler

Scott Wheeler covers the NHL draft and prospects nationally for The Athletic. Scott has written for the Toronto Star, the Globe and Mail, The Toronto Sun, the National Post, SB Nation and several other outlets in the past. Follow Scott on Twitter @scottcwheeler