Alex Belzile est un choix facile comme candidat du Canadien au trophée Bill-Masterton

Jan 21, 2023; Montreal, Quebec, CAN; Montreal Canadiens defenseman David Savard (58), forward Alex Belzile (60) and defenseman Justin Barron (52) celebrate a win over the Toronto Maple Leafs at the Bell Centre. Mandatory Credit: Eric Bolte-USA TODAY Sports
By Marc Antoine Godin
Apr 10, 2023

Alex Belzile se souvient d’un voyage, durant ses années dans la ECHL, qui l’avait amené à Trenton, un défunt club-école de l’organisation des Devils du New Jersey. L’aréna était si vétuste que les amphithéâtres de la LHJMQ étaient d’un luxe enviable à côté de lui. Puis, quelques jours plus tard, il y avait eu un arrêt à Wheeling, une autre destination peu inspirante.

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Ce voyage-là avait nécessité beaucoup d’auto-motivation.

Belzile s’était alors souvenu ce que lui disait Donald Dufresne, son ancien entraîneur-adjoint avec l’Océanic de Rimouski et son mentor en quelque sorte, qui lui rappelait qu’il y avait toujours quelqu’un qui regardait, même un mardi soir dans la ECHL.

Pendant que les autres levaient le pied certains soirs et se laissaient dériver en disant « à quoi bon », Belzile travaillait sans relâche. C’est comme ça qu’il allait gagner.

Des années plus tard, ayant gravi les échelons et gagné la confiance de ses entraîneurs, Belzile a vu cette année la fenêtre de la LNH s’ouvrir vraiment pour la première fois. Il vient de terminer sa cinquième saison dans l’organisation du Canadien, mais n’était jamais passé proche auparavant de jouer autant à Montréal que les 31 matchs qu’il a disputés cette saison. Belzile a récolté 14 points, a gagné l’estime de ses coéquipiers par son engagement et sa passion pour le hockey – ils voient déjà en lui un futur entraîneur – et le parcours qui l’a mené jusque-là témoigne d’une persévérance à toute épreuve.

Voilà pourquoi Belzile a été un choix facile du chapitre montréalais de l’Association professionnelle des chroniqueurs de hockey pour être le candidat du Canadien à l’obtention du trophée Bill-Masterton.

Belzile a eu besoin de motivation interne durant certains moments moins réjouissants dans la ECHL, mais sa réserve n’a jamais été à sec. Durant ces années-là – il devait avoir 23 ou 24 ans – il s’est mis à recevoir à chaque année des offres de contrat pour aller jouer en Europe. Puis il s’est mis à voir ses amis traverser l’Atlantique les uns après les autres.

« Ça ne m’intéressait pas », a raconté Belzile à l’occasion de son passage à la balado Le Support Athlétique, il y a quelques semaines.

« Mon but c’était de jouer dans la LNH. »

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L’un des meilleurs amis qu’il s’est fait dans le hockey évolue en France aujourd’hui. Le défenseur Maxim Lamarche, un ancien du Rocket de Laval qui joue maintenant à Grenoble, reste fréquemment en contact avec lui.

« Ce qui est impressionnant avec Alex, c’est qu’il n’a jamais lâché », nous a confié Lamarche, qui a connu Belzile lorsqu’ils ont été co-chambreurs à un camp d’entraînement du Canadien.

« Il y a beaucoup de gars qui auraient pu lâcher à sa place, avec toutes les situations dans lesquelles il a été. Il était quand même plus vieux, il avait déjà été dans la Ligue américaine où il jouait sur une quatrième ligne…

« Sa force c’est au niveau mental. Il est vraiment bon pour demeurer positif et il trouve toujours le bon côté des choses. Par exemple, je ne pense pas que la blessure qui a mis fin à sa saison va le déranger plus que ça. Il va être prêt pour la saison morte et il va revenir fort au prochain camp. »

Belzile a grandi à Saint-Éloi un village de 300 personnes, surtout des cultivateurs qu’il décrit comme des gens aussi sociables que travaillants. Il croit que leur façon d’être a probablement contribué à faire de lui qui il est aujourd’hui.

Belzile a joué tout son hockey mineur dans le niveau CC et a commencé à s’entraîner sur le tard. À l’origine, avant qu’il n’arrive à Rimouski et que Dufresne lui fasse comprendre qu’il y avait un chemin possible pour lui vers la LNH, l’objectif de Belzile était d’atteindre le Junior AAA et de devenir professeur d’éducation physique. Mais une fois que le rêve est né, il n’y a jamais renoncé, même s’il a fallu qu’il joue près de 400 matchs dans les ligues mineures et qu’il se remette de quelques blessures sérieuses avant de marquer son premier but dans la LNH.

Tout le monde peut s’émerveiller qu’il ait mis un pied dans la Ligue nationale à l’âge de 31 ans, mais cela constitue à ses yeux un aboutissement normal. Pour lui, c’était dû pour arriver. Il est aujourd’hui là où il est devrait être.

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Belzile ne se sent pas « arrivé » pour autant. Il a toujours vécu un jour à la fois en se sachant sur un siège éjectable. Son approche demeure d’éviter de se projeter dans l’avenir et de garder les yeux sur le moment présent et sur l’objectif à sa portée.

« Le monde du hockey, c’est un éternel recommencement », a-t-il rappelé.

Rapprocher le nom d’un hockeyeur de celui de Bill Masterton, c’est reconnaître le chemin qu’il a parcouru et, bien souvent, les embûches qu’il a dû surmonter. Mais ce n’est pas un honneur qui s’arrête au joueur lui-même, car ces histoires-là vivent aussi dans le regard des autres qui y puisent une inspiration.

Belzile en a été une pour Lamarche, et aussi pour ses plus jeunes coéquipiers du Rocket dont il était le capitaine avant son rappel.

« Ça te donne un second souffle », a reconnu Peter Abbandonato, un attaquant de 25 ans qui s’est établi à Laval cette année après avoir fait la navette pendant trois ans entre la ECHL et la Ligue américaine.

« Voir Alex signer son premier contrat de la LNH à 27 ou 28 ans, ça te montre que le rêve n’est jamais trop loin et que rien n’est impossible. »

Non, le rêve n’est jamais trop loin. Et à 31 ans, Belzile est certain qu’il ne fait que commencer.

(Photo: Éric Bolté/USA Today)

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