Amplifier les voix autochtones : explorer l’alliance inclusive, la collaboration et les possibilités dans le paysage du marketing au Canada

5 octobre 2023 | Raelyn Pearson, Raelyn Pearson, coordonnatrice des relations publiques, Jelly Digital Marketing & PR

Dans un monde où la diversité et l’inclusion sont à l’avant-garde du progrès sociétal, le Mois de l’histoire autochtone (MHA) est considéré comme un symbole pour honorer les histoires, les réalisations et la résilience des peuples autochtones au Canada.

Cette célébration annuelle, qui a eu lieu récemment, est importante pour le paysage corporatif canadien car elle favorise la reconnaissance des contributions autochtones, fait la promotion de la dimension culturelle et fournit une plateforme pour un engagement authentique avec les communautés autochtones tout en s’alignant aux valeurs de respect et d’inclusion dans les pratiques commerciales.

Pour mieux comprendre le rôle des entreprises dans l’alliance, la collaboration et les nouvelles possibilités, nous souhaitions obtenir le point de vue de trois peuples différents : les Métis, les Premières Nations et les Inuits.

Aujourd’hui, nous entendrons la voix de trois personnes judicieuses : Darian Kovacs (DK), chef d’entreprise autochtone en marketing, communications et relations publiques; Ben Borne (BB), le premier autochtone autodéclaré, accrédité comme gestionnaire professionnel en communications au Canada; et Crystal Martin (CM), animatrice et conférencière spécialiste de la motivation.

Suivez ces experts qui discutent de l’importance du Mois de l’histoire autochtone, de l’impact des campagnes et des collaborations de marque intentionnelles auxquelles ils ont été exposés, et des possibilités de collaboration avec les marques et les créateurs autochtones tout au long de l’année.

  1. Pour ceux qui s’y connaissent moins, pouvez-vous nous parler de l’importance du Mois de l’histoire autochtone et expliquer pourquoi c’est important ou pourquoi nous devrions nous en soucier?
    • DK : Alors que nous avançons sur la longue voie de la réconciliation, le Mois de l’histoire autochtone reconnaît les contributions historiques des peuples autochtones d’un océan à l’autre et de ceux et celles qui continuent de marquer l’histoire aujourd’hui. Il célèbre également les cultures autochtones, prévient la perte de cultures et de langues et éduque les non-Autochtones en conséquence.

      Dans un contexte d’affaires, c’est l’occasion de travailler intentionnellement avec les peuples autochtones, de tenir compte de la représentation et de l’inclusion authentiques dans le marketing et la publicité, et de s’efforcer de parvenir à la réconciliation économique.

    • BB : Je suis un grand fan du mois de juin – c’est à ce carrefour que je me réapproprie toutes mes identités. C’est à la fois le Mois de l’histoire autochtone et le Mois de la fierté. Juin est très spécial pour moi parce qu’il suscite un profond sentiment de fierté pour qui je suis, et je souhaite souligner cela en célébrant avec mes amis, ma famille et ma communauté. C’est un moment où je peux me sentir en sécurité pour inviter les autres à apprendre, à comprendre et à rejoindre le mouvement vers l’inclusion. C’est aussi le moment pour réfléchir, célébrer et honorer la mosaïque culturelle à travers le pays.
    • CM : Le Mois de l’histoire autochtone est l’occasion parfaite pour découvrir les diverses cultures des peuples autochtones au Canada et les célébrer. L’occasion est également propice pour réfléchir à l’héritage du colonialisme et aux luttes en cours pour la justice et la réconciliation. Le Mois de l’histoire autochtone ouvre aussi une vitrine pour écouter et amplifier les voix autochtones, soutenir les initiatives et les organisations dirigées par des Autochtones, plaider en faveur d’un changement de politique et nous renseigner, tous autant que nous sommes, sur l’histoire et les répercussions continues de la colonisation.
  2. Au cours du Mois de l’histoire autochtone de 2023, quelles marques ou campagnes se sont démarquées pour les bonnes raisons?
    • DK : Plusieurs marques autochtones ont « uni leurs forces » lors du MHA pour se soutenir mutuellement et exposer leurs marques respectives à de nouveaux publics par le biais d’un concours. Bien qu’il ne s’agisse pas précisément d’une campagne publicitaire, cette approche collaborative entre de grandes marques bien établies comme Cheekbone Beauty et Manitobah, ainsi que des petites entreprises et des créateurs plus jeunes ou moins connus, donne à toutes ces entités une visibilité accrue. J’aime l’esprit de collaboration!
    • BB : En plus de mon travail de consultant en communications, je suis l’un des quatre associés directeurs d’Eagle Feather News, un journal appartenant à des Autochtones en Saskatchewan. J’ai toujours hâte de voir qui placera une annonce dans l’édition de juin et quel message sera véhiculé. Sans campagne particulière en tête, les marques qui se distinguent toujours pour moi sont celles qui s’écartent de leur message habituel. Elles ne font pas leur propre promotion, mais concentrent plutôt leurs messages sur la reconnaissance, la célébration et la défense des communautés autochtones de toute la province.
  3. Comment définiriez-vous un véritable allié de la communauté autochtone? Avez-vous des exemples de marques qui se présentent de la bonne manière?
    • DK : Les grandes marques comme Sephora s’efforcent d’être diversifiées et inclusives avec les peuples autochtones et d’autres communautés traditionnellement marginalisées. Non seulement elles mettent en vedette les peuples autochtones dans leurs publicités, mais elles mettent également de l’avant et vendent des marques appartenant à des Autochtones.

      J’aime cela parce que ces marques ne cherchent pas la performance; elles « joignent le geste à la parole », pour ainsi dire, et donnent aux marques autochtones la chance d’augmenter considérablement leurs ventes.

      Sephora envoie le message que les peuples autochtones sont inclus, bienvenus et adoptés et qu’elle a à cœur de contribuer à la résilience économique des Autochtones.

    • BB : Je trouve intéressante la façon dont Federated Cooperatives Ltd. (FCL) se présente pour les communautés autochtones ici en Saskatchewan et dans l’Ouest canadien. Par le biais de leur marque Western Nations, FCL a créé une excellente occasion pour permettre aux communautés autochtones de posséder et d’exploiter leurs emplacements, en utilisant la marque pour attirer des clients et en étant approvisionnées et soutenues par Co-op. Cette initiative s’accompagne également de programmes d’aide au renforcement communautaire et d’autres avantages qui appuient le développement économique et communautaire à l’échelle nationale. FCL reconnaît que l’alliance ne se construit pas en un seul mois – il s’agit plutôt de développer des relations à long terme avec les communautés autochtones en vue d’obtenir des résultats mutuellement bénéfiques.
    • CM : Je suis d’accord avec Darian pour dire que Sephora Canada a utilisé sa plateforme pour mettre en valeur les voix et la beauté des peuples autochtones par le biais de sa marque « We Belong to Something Beautiful ». Les Inuits, non seulement au Canada, mais aussi dans la région circumpolaire, ont senti une forte représentation des Inuits lorsque Shina Novalinga, une Inuit du Nunavik (nord du Québec) a fait la couverture de leurs magazines. Les Inuits de partout peuvent se voir authentiques et sans complexes, fiers et beaux grâce à cette campagne. N’importe quel Inuit d’une petite collectivité de l’Arctique peut être ce qu’il veut.
  4. Parlez-nous des possibilités inconnues qui existent pour travailler avec des marques et des créateurs autochtones tout au long de l’année.
    • DK : Il faut connaître notre liste de créateurs et de fournisseurs autochtones constamment mise à jour. Cette liste permet deux choses : embaucher des Autochtones et effectuer des recherches sur diverses initiatives et subventions, ou divers emplois, pour les peuples autochtones.
    • BB : Le plus grand défi de travailler avec des marques et des créateurs autochtones est de les trouver. Comme Darian l’a fait remarquer, il existe une liste de créateurs et de fournisseurs autochtones qui est mise à jour fréquemment. Cela dit, je vérifierais auprès des chambres de commerce locales, du Conseil canadien pour le commerce autochtone et même des bureaux du tourisme qui auront certes des idées sur la façon de faire des affaires dans leur région.
    • CM : Le processus de collaboration avec les entreprises inuites est assez simple. Toutes les organisations régionales inuites (Société régionale inuvialuite, Nunavut Tunngavik IncMakivik Corporation et le gouvernement du Nunatsiavut) disposent de bases de données relatives au registre commercial des entreprises inuites, lesquelles sont facilement accessibles sur leur site Web. Travailler avec des marques et des créateurs inuits est un peu plus délicat en ce sens qu’il n’y en a pas beaucoup dans ce domaine, de sorte qu’il devient très important d’établir des liens avec la communauté inuite dans son ensemble pour identifier ces personnes.
  5. Qu’aimeriez-vous le plus voir en ce qui concerne la collaboration et l’alliance entre les entreprises canadiennes et la communauté autochtone?
    • DK : Une collaboration pratique, des campagnes de relations publiques non axées sur la performance ou sur des discussions sans fin. La discussion est importante, mais l’action l’est tout autant.

      Des entreprises qui cherchent des occasions significatives de travailler avec les organisations et les communautés autochtones et qui mettent de l’avant des voix autochtones. Soutenir les entreprises sociales ou les occasions d’investissement qui ont une incidence économique positive sur les peuples autochtones.

    • BB : Établir des liens réels et significatifs qui mènent à des résultats mutuellement avantageux pour les entreprises canadiennes et les entreprises appartenant à des Autochtones. J’aimerais que les entreprises canadiennes sortent des sentiers battus pour étendre leurs relations au-delà des traditionnels échanges de services – et de cocréer ce à quoi pourrait ressembler l’alliance.
    • CM : Souvent, les entreprises interprètent mal la différence entre faire la charité et donner un coup de main. Les entreprises canadiennes ont beaucoup à offrir pour façonner notre économie, mais ce n’est pas sans le consentement libre, préalable et éclairé des communautés autochtones. Les peuples autochtones ont toujours contribué à l’économie à leur façon. Nous sommes des entrepreneurs, c’est dans notre sang, et nous savons ce qui fonctionne dans notre communauté; en comprenant les processus de consultation qui importent le plus, les entreprises seront sur la bonne voie pour devenir de véritables alliés et bâtir un avenir meilleur pour tous.

Le Mois de l’histoire autochtone est une période de célébration et de reconnaissance culturelles. Alors que nous nous tournons vers l’avenir, l’appel à l’action sur le terrain et à une alliance authentique est crucial pour réussir à élargir des relations mutuellement bénéfiques entre les marques et les créateurs autochtones et les entreprises canadiennes.